- SEMAAN Raphaël
- Fond national suisse (FNS)
La vie professionnelle quotidienne de nombreuses employées et de nombreux employés nécessite l'utilisation de technologies modernes de l'information et de la communication (TIC), telles que les ordinateurs, les tablettes et les smartphones. La nature à double tranchant des environnements de travail numériques est de plus en plus mise en évidence.
Les avantages tels que le gain en flexibilité et en autonomie ont un coût personnel. L'un des inconvénients potentiels est la télépression au travail, ou l'expérience de la préoccupation et de la forte envie de répondre le plus rapidement possible aux messages numériques liés au travail. Les données initiales – principalement basées sur des enquêtes – suggèrent que la télépression au travail peut avoir des effets négatifs sur la santé et le bien-être des travailleuses et des travailleurs.
En adoptant le modèle Effort-Récupération et le concept de charge allostatique comme cadres théoriques, la présente étude vise à examiner l'hypothèse selon laquelle la télépression au travail est associée de manière significative à une "usure" accrue, sous la forme d'une augmentation du nombre de plaintes psychosomatiques, d'une moins bonne qualité du sommeil (auto-rapportée et basée sur l'actigraphie), d'une moins bonne humeur et d'altérations biologiques (baisse du tonus vagal cardiaque, baisse de l'équilibre anabolique défini comme le rapport entre la déhydroépiandrostérone salivaire et le cortisol salivaire, et hausse de l'activité de l'alpha-amylase salivaire).
En outre, l'étude vise à examiner l'hypothèse selon laquelle la connexion au travail, définie comme la charge de travail et la cognition persévérante liée au travail, joue un rôle important dans la médiation de ces relations.
Pour tester nos hypothèses, nous menons une étude ambulatoire auprès d'un échantillon de 120 employées et employés en bonne santé utilisant régulièrement les TIC pour communiquer dans le cadre de leur travail. Pendant une semaine, les participantes et participants seront invités à remplir des questionnaires évaluant leur niveau de télépression au travail, la fréquence de leurs plaintes psychosomatiques, la qualité de leur sommeil, leur humeur, la charge de travail et la cognition persévérante liée au travail. Elles et ils porteront également en continu le moniteur ECG Bittium Faros 180L, l'actigraphe MotionWatch 8 et effectueront des prélèvements salivaires cinq fois par jour.
Ce projet sera l'étude ambulatoire la plus complète à ce jour sur la télépression au travail et ses concomitants psychophysiologiques et constitue un pas important vers la compréhension de la manière dont des niveaux élevés de télépression au travail peuvent conduire à long terme à des altérations secondaires (par exemple hypertension, inflammation chronique) et à des maladies (par exemple maladies cardiaques).
Les résultats de cette étude devraient également contribuer à guider l'élaboration et la mise en œuvre d'interventions et de programmes en faveur du bien-être numérique des employées et des employés.