Le tabagisme en Suisse.
En 2022
- 24% de la population âgée de 15 ans et plus fume (dont 16% quotidiennement). Cela représente une baisse de 3% depuis 2017. Les cigarettes électroniques ne sont pas comprises dans cette statistique.
- Les hommes (27%) sont plus nombreux à fumer que les femmes (21%).
- Ce sont chez les 20 à 44 ans que l’on retrouve le plus grand nombre de personnes fumeuses.
La répartition entre les différents produits du tabac et cigarettes électroniques au sein de la population est la suivante :
- Cigarettes : 20,2%
- Cigarettes électroniques : 2,8% (5,3 chez les 15-24 ans)
- Cigares : 2,1%
- Produits chauffés du tabac : 1,9%
- Snus : 1,8% (11,2% chez les hommes de 15-24 ans)
- Cigarillos : 1,6%
- Chicha : 1,5% (6,6% chez les 15-24 ans)
La consommation de certains produits est très variable selon l’âge. 17% des 15 à 24 ans consomment des nouveaux produits du tabac et des cigarettes électroniques.
La consommation de tabac varie sensiblement en fonction de caractéristiques sociodémographiques. La part de personnes fumeuses est plus élevée parmi les personnes en emploi, la population de nationalité étrangère, et les personnes avec une formation de niveau scolarité obligatoire ou degré secondaire II.
Décès liés aux tabac
Environ 9'500 décès en Suisse en 2017 (soit 1 décès sur 7) sont causés par la consommation de tabac.
Les principales causes de décès associés au tabagisme sont:
- 44%: cancers
- 35%: maladies cardiovasculaires
- 17%: bronchopneumopathies chroniques obstructives
Informations complémentaires
- Système de monitorage suisse des addictions et des maladies non transmissibles - MonAM
En 2022
- 23% de la population âgée de 15 ans et plus fume dans le canton (dont 16% quotidiennement). Cela représente une diminution de 5 points par rapport à 2017. Les cigarettes électroniques ne sont pas comprises dans cette statistique.
- La proportion de fumeuses et fumeurs est similaire à la moyenne suisse (24%).
- Tout comme le montrent les données fédérales, les hommes (24,4%) sont plus nombreux à fumer que les femmes (22%).
Informations complémentaires
La prévention désigne l’ensemble des mesures qu’une société met en place pour:
- Éviter la survenue ou la progression d’une maladie (par exemple vaccination)
- Réduire l’apparition des risques liés à certains comportements dangereux pour la santé (par exemple tabagisme, alcool au volant)
Pour qu’elles soient efficaces, les mesures de prévention cherchent à:
- Réduire les facteurs de risques, en identifiant les éléments qui peuvent pousser des individus à adopter un comportement dangereux pour leur santé (par exemple facilité d’accès aux produits, difficulté à gérer ses émotions, absence de soutien social)
- Renforcer les facteurs de protection, en identifiant les éléments qui peuvent augmenter ou maintenir un état de bien-être et de santé, et ainsi «contrer» l’effet des facteurs de risques (par exemple valeurs et normes sociales cohérentes et positives, compétences sociales et émotionnelles).
Les mesures de prévention peuvent se faire par des actions:
- Auprès de personnes cibles, afin de renforcer leurs compétences en matière de santé. Les campagnes médiatiques de sensibilisation, la prévention par les pairs (par exemple jeunes formés pour parler avec d’autres jeunes) sont des exemples de mesures de prévention comportementale.
- Au niveau des structures, afin de créer des milieux de vie favorables à la santé. Les mesures législatives, l’aménagement de l’environnement sont des exemples de mesures de prévention structurelle.
Une plus grande efficacité est atteinte lorsque les mesures de prévention comportementale et structurelle sont combinées.
Informations complémentaires
- Site Addiction Suisse: Bases théoriques de la prévention des dépendances
- Site Environnements favorables à la santé
Confédération: définit la stratégie globale pour le Fonds de prévention du tabagisme. Ce dernier soutient «les acteurs publics et privés dans leurs démarches de créer des conditions cadres favorables à la santé de tous les individus et de réduire la part de personnes consommant du tabac et de la nicotine».
Cantons: mettent en œuvre les programmes cantonaux de prévention du tabagisme par le biais de mesures de prévention comportementale et structurelle.
Organisations non gouvernementales (ONG), associations spécialisées et actrices et acteurs privés: sont actifs au niveau de l’aide à la désaccoutumance (conseil et thérapie), de la recherche, de l’information au public ou encore des interventions politiques.
Ces actrices et acteurs collaborent ensemble avec pour objectif de diminuer le nombre de cas de maladie et de décès dus au tabagisme.
- Diminution de 60% de la prévalence de consommation de tabac chez les 11-15 ans.
- Diminution de 70% de la part de la population suisse, exposée au tabagisme passif durant plus d’1 heure par jour.
- Ne pas fumer devient de plus en plus une norme sociale.
Par rapport à l’Europe, la Suisse est en retard dans la prévention du tabagisme. Elle est l’un des rares pays à ne pas avoir ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. Celle-ci recommande la mise en place de nombreuses mesures efficaces, tirés du programme «MPOWER»:
- «Monitor»: surveiller la consommation du tabac et les politiques de prévention
- «Protect»: protéger la population contre la fumée du tabac
- «Offer»: offrir une aide à celles et ceux qui souhaitent arrêter de fumer
- «Warn»: alerter la population sur les dangers du tabagisme
- «Enforce»: faire respecter les interdictions de publicité en faveur du tabac, de promotion et de parrainage
- «Raise»: augmenter les taxes sur le tabac
Parler du tabac avec ses patientes, patients et bénéficiaires
Vidéo
17ème siècle: apparition des premiers champs de tabac en Suisse
1945: plus de 6'000 planteuses et planteurs cultivant une surface de 1'450 hectares
2022: 135 planteuses et planteurs cultivant une surface de 400 hectares. Cela représente moins de 0,03% des surfaces agricoles cultivées. 85% des cultures se situent dans la Broye vaudoise et fribourgeoise. Le tabac produit est de mauvaise qualité (notamment en raison du climat) et est surtout utilisé pour donner du volume aux cigarettes et cigares.
La culture du tabac en Suisse est soutenue financièrement par le fonds SOTA (Société coopérative pour l’achat du tabac indigène). Ce fonds est alimenté par:
- l’imposition sur les produits du tabac: environ 13 millions de francs par an
- l’industrie du tabac: environ 3,5 millions de francs par an
Un hectare de champ de tabac rapporte ainsi plus de 40'000 francs par an!
Cet argent permet à l’industrie du tabac d’entretenir un fort lien avec le monde paysan et politique. Ces liens rendent l’acceptation politique des mesures de prévention du tabagisme plus difficile.
Ce traité, qui énonce notamment les mesures pour réduire l’offre du tabac, invite les États à aider les tabaculteurs à se reconvertir dans d’autres types de cultures vivrières et plus saines. La Suisse ne l’a toujours pas ratifié.
Trois géants du tabac se partagent le marché suisse, et une grande partie du marché mondial. Ils ont leur siège international et leur usine de production en Suisse:
- Phillip Morris International (PMI), Neuchâtel
- British American Tobacco (BAT), Boncourt, Jura
- Japan Tobacco International (JTI), Dagmersellen, Lucerne
En 2016, ces industries ont produit près de 35 milliards de cigarettes, dont les ¾ ont été exportées.
En raison d’une législation permissive, ces multinationales exportent, notamment en Afrique et en Asie, des cigarettes avec de fortes teneurs en goudron et nicotine, dont la vente en Suisse et dans l’Union européenne est interdite.
- Article: «Le marché du tabac en Suisse, c’est…»
- Podcast 15 min RTS: La culture du tabac se fait de plus en plus rare en Suisse
Pratiques d’influence
L’industrie du tabac utilise différents moyens pour bloquer les mesures de prévention et protéger ses intérêts au détriment de ceux de la santé publique. Elle cherche à influencer les responsables politiques, les médias, les consommatrices et consommateurs et le grand public.
- En Suisse, le lobbying de l’industrie du tabac est extrêmement puissant. Cette pratique est légale pour autant qu’elle respecte plusieurs principes. L’un d’entre eux est celui de la transparence.
- Bien que plusieurs parlementaires soient des lobbyistes pour l’industrie du tabac, leurs liens d’intérêts n’ont pas tous fait l’objet de déclaration. Ces mêmes personnes peuvent par ailleurs faire entrer d’autres lobbyistes au Parlement fédéral, sans que leur affiliation ne soit communiquée.
- En 2021, un indice mondial mesurant les efforts déployés par les gouvernements pour lutter contre l’influence de l’industrie du tabac dans les décisions politiques classe la Suisse en avant dernière position (79ème sur 80 États). Cette position montre qu’en Suisse les intérêts économiques priment sur la santé publique.
- L’industrie du tabac cherche à intégrer dans sa communication les problématiques sociales, environnementales et économiques. Il est ainsi fréquent de la voir s’engager contre la pauvreté, le travail des enfants, pour l’accès à l’éducation ou encore la protection de l’environnement.
- Par ses actions de «blanchiment moral», elle cherche à tisser une relation de confiance avec ses partenaires, les responsables politiques et le public, tout en espérant faire échouer les programmes de lutte anti-tabac.
- Les dommages causés par le tabagisme, qui tue une personne consommatrice sur deux, restent bien supérieurs aux actions «socialement responsables» et de philanthropie.
- L’industrie du tabac crée des alliances avec d’autres actrices et acteurs, présentés comme indépendants, crédibles et avec une meilleure image pour s’exprimer et prendre position à sa place.
- Dans les années 1990, l’industrie du tabac a formé une coalition avec celle du vin afin de faire échouer l’initiative populaire visant à interdire la publicité pour le tabac et l’alcool. Lors de cette campagne, les cigarettiers sont volontairement restés en retrait afin de laisser l’industrie du vin s’exprimer pour profiter de la bonne considération dont elle bénéficie dans la société et la culture suisse.
- L’industrie du tabac finance des chercheuses et chercheurs pour qu’ils mènent des études minimisant les dangers du tabagisme ou démontrant l’inefficacité des mesures de prévention.
- L’affaire «Rylander» illustre l’infiltration de l’industrie du tabac dans la science. Ce chercheur suédois, qui travaillait à l’Université de Genève, était secrètement employé par Philip Morris pour conduire des recherches niant les effets du tabagisme passif. Il a été condamné en 2003 par la Cour de justice de Genève pour «fraude scientifique sans précédent, dans le domaine du tabagisme passif».
- L’industrie du tabac affirme être importante pour l’économie suisse, puisque l’imposition du tabac rapporte 2 milliards par année à la Confédération.
- Cet argument est à mettre en balance avec les 5 milliards de francs dépensés chaque année pour prendre en charge les traitements médicaux et les pertes de productivité associés (chiffre 2017). Cela représente un coût annuel d’environ 500 francs par habitante et habitant.
- Par ailleurs, une diminution du tabagisme n’induit pas une baisse, mais une augmentation des places de travail. L’argent épargné est en effet investi dans d’autres secteurs d’activités (restauration, loisirs, etc.).
- Brochure simplifiée «5«bonnes pratiques» d'influence de l'industrie du tabac en Suisse» ou dossier CFPT complet - Pratiques d’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique en Suisse
- Rapport STOP - Indice mondial d’ingérence de l’industrie du tabac 2021
La Suisse est l’un des pays européens dans lesquels les stratégies marketing en faveur des produits du tabac sont les plus courantes et efficaces. Ces dernières cherchent à:
- Attirer de nouvelles fumeuses et de nouveaux fumeurs, notamment les jeunes pour compenser les personnes qui arrêtent de fumer ou décèdent
- Augmenter (ou maintenir) la consommation de tabac chez les personnes fumeuses
- Démotiver les personnes fumeuses qui souhaitent arrêter
- Encourager les anciennes personnes fumeuses à reprendre
- Publicité dans les points de vente de tabac (y compris les automates à cigarettes), la presse, les bars, cafés et boîtes de nuit
- Sponsoring d’événements culturels (par exemple festivals avec la présence de Japan Tobacco International à Paléo ou de British American Tobacco au Montreux Jazz)
- Publication de contenus sur les réseaux sociaux ou par l’emploi d’influenceuses et influenceurs
- Marketing personnalisé sur les sites internet officiels (par exemple proposer des expériences uniques après la collecte de données personnelles)
- Distribution d’échantillons gratuits, concours et jeux promotionnels avec prix, etc.
- Les publicités présentent souvent des jeunes personnes, heureuses, dans des situations de vie qu’ils valorisent: entourées d’amies et amis, prenant des risques, profitant de moments de liberté, recherchant l’indépendance, etc.
- Cette stratégie a pour objectif d’amener la consommatrice ou le consommateur à s’identifier à une marque de tabac, tout en rendant l’acte de fumer attrayant et socialement accepté. Rien n’est laissé au hasard: l’emploi du tutoiement, de visuels décalés, de couleurs vives ou encore la présence de hashtags.
- Même si la publicité adressée aux moins de 18 ans est interdite en Suisse, les jeunes y sont continuellement exposé·es. En 2014, l’Observatoire des stratégies marketing pour les produits du tabac en Suisse Romande a constaté qu’une ou un jeune était exposé en moyenne à 68 stimuli pro-tabac sur une journée de week-end, dont les 2/3 était présenté sous la forme de publicité.
Outre les caractéristiques biologiques liées aux transformations qui se produisent lors de la puberté, il existe une vulnérabilité psychologique propre à l’adolescence qui explique pourquoi les addictions commencent souvent à cette période de la vie. À noter que la grande majorité des fumeuses et fumeurs adultes (87%) a commencé sa consommation avant 21 ans. La probabilité de commencer à fumer est ainsi faible une fois passé cet âge.
Contrairement aux idées reçues, la grande majorité des jeunes ne fume pas. Les jeunes qui fument deviennent cependant plus vite dépendant·es au tabac que les adultes. Plus on commence à fumer jeune, plus le risque de devenir une fumeuse ou un fumeur régulier est grand et plus il sera difficile d’arrêter.
Pour toutes ces raisons, les jeunes constituent le principal public cible de l’industrie du tabac.
Informations complémentaires
- Site Association suisse pour la prévention du tabagisme – le tabagisme chez les jeunes
Comment aborder la question du tabac avec les jeunes? À partir de quel âge? Et de quelle manière? Faut-il faire peur? Vous trouverez de nombreux éléments de réponse sur le site Tabac sans Tabou.
Ce site internet, pensé sous la forme d’une boîte à outils, centralise les informations, les messages clés à transmettre et divers outils d’animation existants dans le domaine de la prévention du tabagisme auprès des jeunes.
Parler du tabac avec les jeunes
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Au-delà de tuer plus de 8 millions de personnes chaque année dans le monde, le tabac détruit aussi l’environnement.
La production de tabac nécessite en effet chaque année:
- La déforestation d’importantes surfaces agricoles (environ 600 millions d’arbres), équivalent à la superficie de la Suisse. L’utilisation de ces surfaces, pour des cultures vivrières, permettrait de nourrir plus de 10 millions de personnes.
- 22 milliards de litres d'eau (1 tonne de tabac nécessite 670 tonnes d’eau, ce qui est 8 fois plus important que la quantité utilisée pour produire 1 tonne de pommes de terre)
- Le recours à des engrains et pesticides, qui polluent les terres, les rivières, les nappes phréatiques et l’air, et représentent un fort danger pour la biodiversité
- 8 millions de tonnes de bois pour le séchage des feuilles
Selon l’OMS, le tabac produit 84 millions de tonnes de CO2 chaque année. Plus de la moitié de ces émissions provient du séchage des feuilles de tabac (dessiccation). Ces dernières ont un impact considérable sur le réchauffement climatique.
Chaque année, plus de 4’000 milliards de mégots sont disséminés dans la nature. Leur dégradation prend plusieurs années. Tout au long de ce processus, les substances contenues dans les filtres usagés (par exemple nicotine, métaux lourds) polluent les villes, la faune et la flore, et en particulier le milieu marin.
Dans le cadre de la journée mondiale sans tabac 2022 de l’OMS, les Romandes et Romands ont été questionnés sur la thématique «Le tabac: une menace pour notre environnement». Les résultats de cette enquête montrent que les personnes sondées connaissent bien la pollution liée aux mégots, mais sous-estiment l’empreinte écologique et climatique associée à la culture du tabac.
- Article RMS: Impact environnemental du tabagisme
- Sondage Tabac et environnement: qu’en pensent les Romand·e·s?
- Association Stop2drop
- Fiche d'information Tabac et environnement
Dernière mise à jour: 12.12.2023