Le projet de construction d’un index de genre propre au domaine de la santé vise à développer un index, sorte de faisceau multifactoriel, qui permette de mieux comprendre les déterminants sociaux qui induisent des inégalités entre hommes et femmes face à leur santé.
"Comment mesurer le genre? Développement d’un index de genre spécifique au contexte pour améliorer la recherche en santé en Suisse"
En 2020, l’équipe de chercheuses de l'Unité santé et genre d'Unisanté (Prof. Carole Clair, responsable du Secteur recherche clinique et communautaire d’Unisanté, la sociologue Joëlle Schwarz et la Dre Joana Le Boudec) a obtenu un financement Spark du Fonds national suisse de la recherche scientifique. L’instrument pilote Spark a été créé par le FNS en 2019 pour soutenir des projets de recherche non conventionnels et des approches scientifiques innovantes.
Les inégalités face à la santé ne sont pas qu'une affaire biologique
L’intérêt de cette recherche part du constat que les femmes et les hommes ne sont pas égaux face à la santé. Ces inégalités proviennent parfois de différences biologiques, mais parfois aussi de différences liées aux catégories sociales de genre, et souvent des deux conjointement. Les maladies cardiovasculaires en sont un bon exemple. Le préjugé selon lequel les hommes sont bien plus à risque sur le plan cardiovasculaire que les femmes, ne laisse que peu de place aux facteurs sociaux et comportementaux qui peuvent jouer un rôle dans le développement de ces troubles: la cigarette, le stress induit par la charge familiale et domestique, la charge «mentale», la position sociale et/ou le salaire souvent moindre qu’un homme. Et ce d’autant plus que ces facteurs sont souvent minimisés ou peu reconnus.
Selon les chercheuses, le genre représente un excellent point d’entrée pour (re)penser la complexité et mieux définir les autres déterminants sociaux de la santé, comme la classe sociale ou l’appartenance ethnique.
Une approche interdisciplinaire et longitudinale
Le projet d’Unisanté s’inscrit dans l’approche des déterminants sociaux de la santé, en plaçant le genre au même niveau que le statut socio-économique par exemple (et en intersection avec celui-ci). Elle relève d’une approche longitudinale afin d’inclure les aspects cumulatifs et combinés de l’influence du genre au cours de la vie. Interdisciplinaire par définition, le projet vise à renforcer la conceptualisation théorique qui guide la recherche sur le genre, permettant ainsi la diminution des biais idéologiques conscients et inconscients. Sa portée est également appliquée, avec la mise à disposition d’une approche et d’outils tant pour la recherche que pour la pratique clinique.
Selon les autteures, le genre représente un excellent point d’entrée pour (re)penser la complexité et mieux définir les autres déterminants sociaux de la santé (comme la classe sociale, l’appartenance ethnique, etc.).