L'adaptation au risque VIH/sida chez les couples homosexuels: version abrégée

Abstract

 

Les études sur la sexualité et la prévention du sida, de même que les observations faites par les professionnels de la prévention montrent que la gestion du risque d’infection dans les couples pose de nombreux problèmes et aboutit souvent à une protection inadéquate. Cette constatation a été faite pour divers groupes de population (population générale, adolescents, toxicomanes, homosexuels). En effet, alors qu’entre partenaires occasionnels, la protection par le préservatif est devenue très fréquente, les relations dans les couples stables permettent des stratégies de prévention plus complexes, qui peuvent évoluer dans le temps et selon la situation du couple. Ces stratégies comprennent l’usage de préservatifs, la fidélité mutuelle, la connaissance réciproque du statut sérologique et l’abandon de certaines pratiques sexuelles. Pour être efficaces, ces stratégies doivent inclure des accords explicites et sans cesse renouvelés au sein du couple. La capacité de communication et de négociation est donc un élément essentiel dans la gestion du risque ; ainsi la protection adoptée par les couples résulte d’éléments appartenant à chaque individu et au couple en tant que tel. Pour l’approcher, les modèles individuels de comportement ne suffisent plus, puisque le système-couple est aussi concerné. Cet aspect de la prévention spécifique au sein des couples a été peu étudié jusqu’à présent.

Parmi eux, les couples homosexuels (couple au sens de partenariat stable) présentent des caractéristiques qui rendent indispensables des décisions claires et répétées sur la protection dans le couple, et de ce fait, se prêtent bien à une étude particulière :

• les relations de couples homosexuels sont fréquemment non exclusives et les partenaires sexuels en dehors du couple sont souvent multiples ;

• les relations exclusives au début se transforment fréquemment en relations non exclusives au cours du temps ;

• la durée moyenne de ces relations stables est courte (succession de partenariats stables) ;

• les pratiques de pénétration anale sont plus fréquentes dans le cadre de relations stables que dans celui de relations occasionnelles ;

• la pénétration anale sans protection est plus fréquente au sein de relations stables.

Des accords sont d’autant plus nécessaires qu’une stratégie de protection inadaptée expose les membres du couple et d’autres partenaires éventuellement impliqués à un risque de transmission du sida non négligeable puisque la prévalence du VIH est élevée dans ce groupe de la population.