Médecine et genre: importance de la sensibilisation des étudiant·e·s en médecine
Le genre est considéré comme un déterminant social de la santé, au même titre que l'ethnicité et l'éducation. Les inégalités sociales entre les hommes et les femmes influencent la santé à différents niveaux, des composants de santé structurels aux comportements de santé individuels.
Un appel pressant a été lancé au cours des dernières décennies pour intégrer systématiquement les dimensions de sexe et de genre dans l’enseignement médical, la recherche médicale et l'épidémiologie. Une récente étude, chargée d’évaluer la sensibilité au genre et la présence de stéréotypes de genre parmi les étudiant·e·s en médecine suisses, en révèle l’importance.
Entre avril et mai 2017, les autrices* de cette étude ont remis un questionnaire à tous les étudiant·e·s en médecine inscrits à l'Université de Lausanne (Suisse) afin d'évaluer leur sensibilité au genre, ainsi que leurs stéréotypes de genre envers les patient·e·s et les médecins. 396 y ont répondu, ce qui constitue le quart des étudiant·e·s concernés.
S’ils ont manifesté un réel intérêt pour cette thématique, les résultats de l’étude démontrent qu’ils ont des stéréotypes et une sensibilité insuffisante au genre. Elle révèle également que leur conscience de la question s'améliore tout au long du cursus médical et que les étudiantes ont moins de stéréotypes envers les patient·e·s que les étudiants.
Depuis 2014, la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL soutient le projet "Médecine et Genre" qui vise à intégrer la dimension du genre dans l’enseignement pré-gradué de médecine. En effet, les dimensions de sexe et de genre influencent la pratique médicale à différents niveaux (étiologie, pathogenèse, présentation clinique, diagnostic, traitement et communication). L’objectif est donc de renforcer la compréhension et la prise en compte de ces dimensions - tant au niveau des connaissances que des compétences cliniques de nos futur·e·s médecins – de manière à assurer une prise en charge sensible au genre et à améliorer la qualité des soins.
L'évolution de la sensibilisation au genre au cours des années académiques montre des résultats prometteurs, mais la mise en œuvre d'un enseignement coordonné et continu à ce propos tout au long du cursus médical est nécessaire pour prévenir les stéréotypes et les biais qui affectent non seulement les futurs médecins, mais aussi les futurs patient·e·s. L'étude démontre qu'une sensibilisation précoce des étudiant·e·s en médecine aux préjugés sexistes et à leur influence sur la santé pourrait contribuer à améliorer la qualité des soins médicaux et à en garantir l'équité.
* I. Rrustemi, MA - I. Locatelli, PhD, MER - J. Schwarz, PhD, MSc - T. Lagro-Janssen, MD, PhD - A. Fauvel, PhD, MER - C. Clair, MD, MSc