Santé et violences à l’encontre des jeunes LGBTIQ: situation inquiétante
Unisanté publie un rapport sur la santé et les violences à l’encontre des jeunes de la diversité OASIEGCS (Orientation Affective et Sexuelle, Identité et Expression de Genre, Caractéristiques Sexuelles (biologiques), dans le canton de Vaud. L’étude décrit une situation inquiétante qui fait écho aux observations de terrain de l’association Voqueer (anciennement Vogay).
Depuis 2017, Unisanté a publié trois rapports sur la santé et les violences à l’encontre des jeunes de la diversité OASIEGCS. Le rapport présenté aujourd’hui analyse dans quelle mesure ces jeunes en fin de scolarité obligatoire et en deuxième année de formation postobligatoire doivent- comparativement aux autres jeunes de leurs âges- davantage faire face à un ensemble complexe de défis dans leur vie quotidienne.
Ces analyses se basent sur les données d’une enquête populationnelle réalisée en 2022 dans le canton de Vaud auprès d’échantillons représentatifs de 2’651 jeunes en 11e année HarmoS (âge moyen de 15 ans) et 1’340 jeunes en 2e année de formation postobligatoire (âge moyen de 18 ans).
Résultats de l'étude
L’étude montre que 17.9% des jeunes vaudoises et vaudois de 15 ans font partie de la diversité OASIEGCS (23.7% des filles et 10.7% des garçons). À 18 ans, elles et ils sont 23.2% (33.2 % des filles et 13.1% des garçons).
«Ces chiffres sont très importants car ils montrent que près d’un quart des jeunes dans le canton de Vaud rejettent les catégories binaires ou ne se perçoivent pas comme strictement hétérosexuel·les ou cisgenres. Des jeunes qui existent mais qui prennent un risque réel à être visibles» commente Sara Blaser, co-secrétaire générale de Voqueer.
En effet, l’étude relève que les jeunes de la diversité OASIEGCS sont plus nombreuses et nombreux à éprouver un sentiment d’insécurité (47% vs 31% pour les jeunes de 15 ans ; 56% vs 31% pour les jeunes de 18 ans) ; à être la cible de harcèlement-intimidation entre élèves en face-à-face (27% vs 11% pour les jeunes de 15 ans ; 12% vs 6% pour les jeunes de 18 ans) et d’agressions sexuelles (10% vs 4% pour les jeunes de 15 ans ; 22% vs 8% pour les jeunes de 18 ans) ; à évoluer dans un environnement scolaire perçu comme négatif.
«Les jeunes qui viennent à Voqueer rapportent des vécus de violences multiples qui ont un impact direct sur leur santé mentale, notamment en termes d’anxiété» met en évidence Elías Arduini, psychologue à Voqueer.
Un mal-être qui transparaît dans les données de l’étude, puisque 64% des jeunes de 15 ans et 76 % des jeunes de 18 ans de la diversité OASIEGCS rapportent une forme de dépressivité (vs respectivement 39% des jeunes de 15 ans et 44% des jeunes de 18 ans non-OASIEGCS). De plus, 83% des jeunes de 15 ans et 92 % des jeunes de 18 ans de la diversité OASIEGCS présentent des troubles somatiques et psychoaffectifs récurrents (vs respectivement 59% des jeunes de 15 ans et 67% des jeunes de 18 ans non OASIEGCS).
Plusieurs de ces indicateurs (par exemple le sentiment d’insécurité ou les indicateurs de l’état de santé chez les jeunes non exclusivement hétérosexuelles ou hétérosexuels de 18 ans) se sont péjorés depuis la dernière édition de ces enquêtes, ce qui est à mettre en parallèle avec le triplement des crimes de haines contre les personnes LGBTIQ recensés par la Helpline nationale entre 2021 et 2023.
Ces résultats démontrent qu’il est essentiel de poursuivre et renforcer le travail de prévention et de traitement de l’homophobie et de la transphobie dans les lieux de formation– déjà initié à travers le plan d’action qui s’y rapporte– souligne la Dre Caroline Dayer, déléguée cantonale en charge de cette thématique.