Covid-19: l’espérance de vie des Suisses en 2020 est revenue au niveau de 2015
Une étude d’Unisanté révèle que la mortalité de 2020 en Suisse n’a pas atteint le niveau historique annoncé dans les médias en début d’année. Si son augmentation de 8.8% par rapport à l’année précédente illustre l’impact de la pandémie, alors que l’on notait une tendance régulière à la baisse depuis des décennies, la mortalité a retrouvé le niveau de 2014-15. Quant à l’espérance de vie, elle est également revenue au niveau de 2015.
Au début de l’année 2021, un premier bilan journalistique, basé sur des données provisionnelles de l’Office fédéral de la statistique (OFS), faisait état d’une augmentation de 11% du nombre de décès survenus en Suisse en 2020 par rapport au nombre prévu cette année-là. Les médias en ont conclu que « la mortalité a atteint en 2020 des niveaux inédits depuis 100 ans » suite à l’épidémie de Covid-19. Une étude menée par Unisanté arrive à des conclusions différentes.
Mortalité équivalente à 2014-2015
Si l’on tient compte de l’augmentation continue de la population Suisse et de son vieillissement, la mortalité en 2020 fut 8.8% plus élevée qu’en 2019. Inhabituelle dans un contexte de diminution constante au cours des dernières décennies, cette augmentation témoigne de la survenue d’un événement exceptionnel, en l’occurrence la pandémie due au coronavirus. Toutefois, le niveau de mortalité observé en 2020 est similaire à ceux des années 2014-2015, ce qui représente donc un recul d’environ cinq ans et non d’un siècle, comme l’ont suggéré certains médias.
L’analyse par classe d’âge et par sexe montre en outre que la surmortalité observée en 2020 en Suisse a davantage touché les hommes que les femmes, et presque exclusivement les personnes âgées, la surmortalité étant significative à partir de 70 ans chez les hommes, et à partir de 75 ans chez les femmes. Au-dessous de ces âges, aucune surmortalité significative n’est constatée.
Perte d’espérance de vie de 7.5 mois
Le fait que les jeunes aient été épargnés par la pandémie a eu pour conséquence une diminution générale de l’espérance de vie limitée à 0.7% par rapport à 2019, soit une baisse de 7.5 mois (9.7 mois pour les hommes et 5.3 mois pour les femmes). Cette diminution tranche certes avec l’augmentation annuelle de 2 mois observée au cours des dernières décennies. Mais elle n’est pas du même ordre que la perte d’espérance de vie d’environ 10 ans attribuée à la grippe espagnole de 1918, à laquelle la pandémie actuelle est parfois comparée. Ici aussi, cette diminution correspond à un retour aux niveaux d’il y a environ cinq ans, soit une espérance de vie en 2020 qui demeure supérieure à 81 ans pour les hommes et à 85 ans pour les femmes.