Test rapide pour améliorer la prise en charge des pneumonies
L’utilisation d’un test rapide en cabinet de médecine de famille permet de diminuer la prescription antibiotique lors de suspicion de pneumonie, selon les résultats d’une étude menée par le CHUV et Unisanté.
Il y a un lien direct entre la consommation d’antibiotiques et l’émergence de résistance qui rend les infections de plus en plus difficiles à traiter. La majorité des antibiotiques sont prescrits dans les cabinets de médecine de famille et les infections respiratoires font partie des causes les plus fréquentes pour lesquelles les médecins prescrivent inutilement des antibiotiques. Cette prescription inappropriée d’antibiotiques est due en partie à la difficulté d’identifier les patients qui ont une pneumonie bactérienne et vont bénéficier de ce traitement, des autres patients dont l’évolution naturelle de la maladie sera spontanément favorable. Il est donc urgent d’améliorer les procédures diagnostiques afin de réduire la consommation de ces traitements.
L’étude «UltraPro» a été menée par le Service des maladies infectieuses du CHUV en collaboration le département de radiologie du CHUV, Unisanté et l’Université de Berne. En Suisse, 60 médecins de famille ont inclus 469 patients pour tester une nouvelle approche diagnostique de la pneumonie. Cette approche a combiné, d’une part, un test rapide pour la procalcitonine, un marqueur biologique dans le sang qui aide à différencier les infections bactériennes et virales, et d’autre part, un ultrason pulmonaire.
Les résultats démontrent que l’utilisation du test rapide pour la procalcitonine permet de diminuer d’un tiers les prescriptions d’antibiotiques par rapport à la prise en charge habituelle (40% de prescription avec le test versus 71%). En revanche, il n’y a pas eu de baisse supplémentaire de la prescription avec l’utilisation de l’ultrason pulmonaire. L’absence de valeur ajoutée de l’ultrason est liée au fait que cet examen n’a été que rarement réalisé, car il n’était préconisé que chez des patients avec une procalcitonine élevée (suggérant la présence d’infection bactérienne).
Cette diminution de la prescription d’antibiotiques par les médecins qui utilisaient le test n’a pas eu d’impact négatif sur la guérison des patients. De plus, l’intervention a diminué l’utilisation des radiographies thoraciques par rapport à la prise en charge habituelle (21% versus 51%).
Les chercheurs concluent donc que le test rapide procalcitonine permet de diminuer les prescriptions d’antibiotiques chez les patients avec suspicion de pneumonie en médecine de famille sans affecter leur guérison.
Cependant, l’utilisation de routine de ce test en cabinet pour la prise en charge des patients dépend de son remboursement par les caisses maladies, point qui est en cours de discussion.