Utilisation des écrans et d’Internet chez les adolescents
Les adolescents sont toujours plus nombreux à avoir leur propre smartphone. Mais est-ce problématique? Comment a évolué leur utilisation d’Internet ces dernières années et quels effets positifs en retirent-ils ? Voici quelques-unes des questions auxquelles répond l’étude menée par Dre Yara Barrense-Dias responsable de recherche au groupe de Recherche sur la Santé des Adolescents d'Unisanté.
Dre Yara Barrense-Dias a mené une étude sur l’utilisation d’Internet et des écrans par les adolescents auprès de 3 000 écoliers vaudois de 13-14 ans et de parents.
Objectif?
- Réaliser une mise à jour des données récoltées en 2012. Par rapport notamment à:
- la démocratisation des smartphones
- l’émergence de nouvelles pratiques comme les jeux d’argent en ligne ou l’échange électronique de contenu à caractère sexuel
- Intégrer les avantages et les côtés positifs à l’utilisation des médias numériques
Comment les adolescents utilisent-ils leur smartphone?
Le smartphone est l’instrument le plus utilisé par les adolescents. Dans notre échantillon, 96% de jeunes Vaudois·es de 13-14 ans ont leur propre smartphone, avec un âge moyen du premier smartphone à environ 10 ans.
18% en ont une utilisation considérée comme problématique. Un peu plus de la moitié des jeunes disent dormir juste à côté de leur smartphone et un tiers disent se réveiller parfois pendant la nuit pour voir s’ils ont des notifications ou des messages.
Qu’est-ce qui préoccupe les parents?
Nous l’avions déjà vu dans une précédente enquête et ça a été confirmé dans celle-ci: la préoccupation principale des parents est le temps passé devant un écran ou sur Internet.
Tout ce qui a trait au contenu à caractère sexuel ou violent arrive assez derrière dans la liste de leurs préoccupations. Enfin, 7% des parents de notre étude disaient n’avoir aucune préoccupation par rapport aux écrans ou l’utilisation d’Internet par leur enfant.
Quels sont les points positifs de l’utilisation d’Internet?
Pour les jeunes de notre étude, l’avantage numéro un était de pouvoir communiquer avec ses amis grâce à ces outils numériques ; vient ensuite l’accès facilité aux informations et le fait d’écouter de la musique.
Pour les parents, le numéro un était l’accès facilité aux informations, puis la communication avec la famille et ensuite la connexion au monde entier. Nous avons donc observé une différence par rapport à l’aspect social et relationnel qui est assez important avec Internet et notamment les réseaux sociaux.
BONUS
Quels résultats vous ont le plus marquée?
Deux résultats nous ont marqués. Nous avons utilisé des échelles et des scores pour essayer de quantifier un usage problématique des smartphones et d’Internet. 18% des jeunes étaient considérés comme usagers problématiques par rapport aux smartphones et 11% par rapport à Internet. En parallèle, nous leur avons posé la question de leur perception. Là, on arrive à 30% de jeunes considérant avoir un usage problématique ou excessif. On voit qu’il y a une différence avec les échelles que l’on utilise. Elles ne sont peut-être pas à jour ou ne mesurent pas l’excès tel que les jeunes le vivent et le perçoivent.
Le deuxième résultat intéressant était le fait que l’évolution entre 2012 et 2020, ces 11% d’usagers problématiques d’Internet, n’a pas bougé en huit ans. Ceci alors qu’il y a eu une augmentation du nombre d’appareils qui permettent de se connecter à Internet ou des applications.
Avec la crise du COVID-19, est-ce que la situation a changé?
Nous avons réinterrogé les parents qui avaient participé à notre étude avant et pendant le confinement. Nous avons pu voir que leur préoccupation principale était toujours la même: la durée passée devant un écran ou sur Internet.
Par contre, ils ont modifié les règles instaurées à la maison pour l’utilisation des écrans et d’Internet. Elles sont devenues beaucoup moins sévères durant le confinement et certains parents se demandaient si un retour à la normale pourrait se faire par la suite.
Nous avons aussi observé que les parents qui ont proposés des activités hors écran et en famille à leur enfant ont eu beaucoup de succès.
Références
- Barrense-Dias Y, Berchtold A, Suris JC. Adolescent·e·s, Internet et médias numériques: les côtés positifs. Lausanne, Unisanté – Centre universitaire de médecine générale et santé publique, 2020 (Raisons de santé 317). http://dx.doi.org/10.16908/issn.1660-7104/317
- Barrense-Dias Y, Suris J-C. Adolescent·e·s, Internet et médias numériques: les côtés positifs – le point de vue des parents. Lausanne, Unisanté - Centre universitaire de médecine générale et santé publique, 2020 (Raisons de Santé: Les Essentiels 21) http://dx.doi.org/10.16908/rds-essentiels/21
- Barrense-Dias Y, Suris J-C. Adolescent·es, Internet et médias numériques: le point de vue des parents pendant le confinement dû au COVID-19. Lausanne, Unisanté - Centre universitaire de médecine générale et santé publique, 2020 (Raisons de Santé: Les Essentiels 22) http://dx.doi.org/10.16908/rds-essentiels/22