- BRAENDLE Karen
- GERMANN Simon
- SCHAFFAR Robin (Registre genevois des tumeurs)
- BULLIARD Jean-Luc
Evaluation épidémiologique du programme genevois de dépistage du cancer du sein, 2012-2017
Abstract
Malgré une baisse de l’incidence et de la mortalité, le cancer du sein demeure le plus fréquent et le plus mortel chez la femme avec environ 370 femmes touchées chaque année à Genève et 80 qui en décèdent. Le dépistage par mammographie reste le seul moyen dont l’efficacité est scientifiquement prouvée pour diminuer son impact.
Le cancer du sein est le plus fréquent et le plus mortel.
Des évaluations indépendantes et régulières permettent de s’assurer que la qualité et l’efficacité d’un programme de dépistage répondent à des normes internationales. Le mandat d’évaluation du programme genevois de dépistage du cancer du sein a été confié au Département épidémiologie et systèmes de santé du Centre universitaire de médecine générale et santé publique à Lausanne (Unisanté)a, en charge de l’évaluation de nombreux programmes de dépistage en Suisse et de la précédente évaluation du programme genevois.
Evaluation externe du programme par un centre expert.
Deuxième évaluation du programme genevois par Unisanté.
Ce rapport porte sur la période 2012 à 2017. Il inclut une évaluation de l’activité du programme, de son utilisation, de sa qualité et de son efficacité. En outre, des analyses de l’impact de l’introduction de la lecture de consensus et de l’effet de l’intervalle entre deux dépistages sur la précocité diagnostique sont présentées.
Evaluation de l’activité, de la participation, de la qualité et de l’efficacité entre 2012 et 2017.
L’activité du programme continue de croître, atteignant en 2018 plus de 13'000 mammographies réalisées. Grâce à l’augmentation du nombre de mammographies et aux mesures prises par le programme (réduction du nombre de radiologues ; complément de lectures avec un logiciel d’entraînement), le volume de lectures par radiologue respecte les normes suisses de qualité depuis 2016.
La participation au programme reste en-dessous de la moyenne nationale et des normes préconisées, malgré une tendance à la hausse. Sur 10 femmes invitées, 3 participent et, parmi les participantes, 8 sur 10 répondent positivement à l’invitation suivante (fidélisation). La participation est plus basse chez les femmes dont le résultat du précédent dépistage était un faux-positif.
La qualité du programme a vu des améliorations importantes et rapides avec l’introduction de la lecture de consensus en septembre 2014. Depuis ce changement, les taux de reconvocation et de faux-positifs ont fortement baissé et satisfont les normes européennes en tour incident, mais pas en tour prévalent. La qualité radiologique du programme genevois est désormais au moins similaire à la moyenne des programmes suisses, mais demeure inférieure à celle des programmes romands.
La fréquence des cancers d’intervalle du programme genevois satisfait la norme européenne de qualité en première mais pas en deuxième année après le dépistage.
L’efficacité du programme atteint en grande partie les normes européennes et demeure stable depuis la dernière évaluation. La proportion de cancers de stade avancé reste trop élevée. Un long délai (>26 mois) entre deux dépistages influence marginalement le profil pronostique des cancers dépistés. Ce profil est nettement plus favorable que celui des cancers d’intervalle et des cancers diagnostiqués suite à des symptômes. La précocité diagnostique des cancers dépistés par le programme est largement comparable à celle des cancers dépistés en dehors du programme.
Les performances du programme se traduisent, pour 1000 participations, par 946 résultats de mammographie normaux (vrais négatifs), 54 résultats faussement positifs (dont 6 donnent lieu à une investigation invasive), 5 cancers dépistés (1 in situ, 2 de stade précoce et 2 de stade avancé) et 2 cancers d’intervalle, ce qui équivaut à une sensibilité du programme de 79,4% et une spécificité de 93,7%.
Chez les femmes de 70 à 74 ans, invitées depuis 2014, la qualité du dépistage est accrue et la participation est comparable à celle des femmes de 50 à 69 ans.
Ces résultats donnent lieu à trois recommandations :
- Poursuivre les efforts de diminution du taux de reconvocation en tour prévalent
- Organiser des relectures périodiques des clichés
- Documenter rigoureusement les mesures et stratégies mises en place pour améliorer la qualité du programme.